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Sébastien Tran (Audencia) : «Les écoles des chambres de commerce sont les grands oubliés du débat sur la régulation de l'enseignement supérieur»
Sébastien Tran (Audencia) : «Les écoles des chambres de commerce sont les grands oubliés du débat sur la régulation de l'enseignement supérieur»

Le Figaro

time18-07-2025

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Sébastien Tran (Audencia) : «Les écoles des chambres de commerce sont les grands oubliés du débat sur la régulation de l'enseignement supérieur»

Le gouvernement souhaite davantage réguler les écoles privées qui scolarisent aujourd'hui un quart des étudiants français. Un système de label est en réflexion qui comprendra les universités et les écoles privées à but non lucratif. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur prévoit que les écoles des chambres de commerce aient à demander un agrément pour en faire partie. Directeur d'Audencia depuis janvier 2024, Sébastien Tran aimerait que le ministère de l'Enseignement supérieur reconnaisse la qualité de ces établissements souvent prestigieux créés par les chambres de commerce et leur mission d'intérêt général. Les annonces récentes sur la régulation de l'enseignement supérieur en France vont dans le bon sens : un encadrement renforcé s'impose depuis longtemps, notamment pour aider les jeunes et leurs familles à faire les bons choix. Si ce besoin fait consensus, l'incertitude demeure sur les modalités d'application et sur le périmètre réellement concerné. C'est précisément dans ce flou que se niche un oubli préoccupant : les établissements d'enseignement supérieur consulaire (EESC), comme Audencia, bien que remplissant des missions d'intérêt général, sont absents du débat public et des dispositifs envisagés. Une valorisation de la qualité à plusieurs vitesses sur Parcoursup Le projet d'exiger un agrément pour figurer sur Parcoursup interroge légitimement sur les critères d'inclusion. Il est surprenant – voire injuste – d'apprendre que les établissements EESPIG (établissement d'enseignement supérieur privé d'intérêt général) en seront exemptés, tandis que les autres devront justifier de leur qualité et leur légitimité pour continuer à y figurer, dans un contexte où nous sommes déjà soumis à un niveau de contrôle inégalé du Ministère, de Qualiopi, et des organismes délivrant nos accréditations internationales comme EQUIS, AACSB ou AMBA. Pourtant, nos écoles – une trentaine - comptent parmi les plus reconnues du paysage académique français, avec des fleurons dans notre domaine du management (nous avons le même statut qu'HEC), ou encore la création numérique et les arts visuels pour les Gobelins. Nos écoles accueillent près de 80 000 étudiants. Faut-il rappeler que nous ne distribuons aucun dividende, que nous sommes majoritairement détenues par des chambres de commerce et d'industrie, établissements publics, et soumis au droit de la commande publique ? Ces éléments devraient suffire à reconnaître notre ancrage dans l'intérêt général. Pourquoi, dans ce cas, ne pas accorder aux EESC l'agrément de plein droit, comme c'est le cas pour les EESPIG ? Pourquoi risquer d'introduire une régulation à deux vitesses dans l'enseignement supérieur privé d'intérêt général ? Une reconnaissance institutionnelle en décalage avec les missions de service public Nous ne relevons pas de l'enseignement supérieur privé lucratif et ne sommes pas guidés par les mêmes objectifs. À Audencia, par exemple, nous répondons à des missions explicites de la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion) : ouverture sociale, développement territorial, offre pédagogique adaptée. Nous ne demandons pas de subventions – contrairement aux EESPIG – mais nous portons des missions similaires. Ce qui est en jeu, ce n'est pas un avantage financier, mais la reconnaissance d'un statut et le gage de qualité et de sécurité qu'il confère. Il ne s'agit pas d'opposer EESC et EESPIG. Nos deux statuts relèvent de la logique de l'intérêt général. Mais il est impératif que les pouvoirs publics reconnaissent cette diversité statutaire. L'enjeu est d'éviter que le silence sur le statut EESC devienne une exclusion de fait. Un déficit de visibilité qui appelle à une mobilisation collective Cette situation paradoxale s'explique en partie par un manque de visibilité du statut EESC, doublé d'une absence de structuration collective. Là où les EESPIG ont su s'unir et se faire entendre, les écoles consulaires avancent trop souvent en ordre dispersé. Deux pistes pourraient être explorées pour mieux valoriser ce statut : La création d'une commission dédiée au sein de CCI France pour structurer le dialogue sur les enjeux d'enseignement supérieur. La mise en place d'un collège EESC au sein de la CDEFM (Conférence des Directeurs des Écoles Françaises de Management), afin de faire entendre une voix collective sur des sujets comme le crédit d'impôt recherche ou les modalités de financement de l'alternance. L'urgence d'anticiper et de rendre le statut lisible Les familles sont de plus en plus attentives au statut des établissements. Elles cherchent de la lisibilité, des garanties, une transparence accrue. Le statut juridique joue un rôle croissant dans leur perception de la qualité et de la solidité d'une école. Face à ces attentes, il est urgent de mieux communiquer sur ce qu'est une école EESC, sur ce que ce statut implique en matière de gouvernance, de non-lucrativité, d'apports au à nos territoires. Il est tout aussi urgent de faire reconnaître formellement ce statut dans les textes réglementaires à venir. Oublier les EESC dans la nouvelle architecture de la régulation de l'enseignement supérieur serait une injustice. Il est encore temps de corriger cette invisibilisation. Nous appelons à un traitement équitable, à une reconnaissance claire, et à l'ouverture d'un dialogue structuré avec les autorités ministérielles pour construire une régulation juste, cohérente et inclusive.

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